Lysanne Bourret :

l'économie circulaire

comme modèle

d'avenir

S&S : Pouvez-vous nous présenter Pretty Ugly en quelques mots ?

 

Lysanne : Pretty Ugly, c’est l’entreprise que j’ai fondée avec mon partenaire, Pierre-Olivier. On crée des salsas et des chips à partir de légumes qui autrement seraient gaspillés. On fonctionne selon un modèle d’économie circulaire, en récupérant des surplus de producteurs et de distributeurs. Depuis 2022, on vend nos produits, et notre mission est de sauver le plus de légumes possible tout en offrant des aliments délicieux et accessibles.

 

S&S : Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans la réduction du gaspillage alimentaire ?

 

Lysanne : On a tous les deux travaillé en restauration pendant 15 ans, et la nourriture a toujours été au cœur de notre vie. Pendant la COVID, on a eu le temps de réfléchir à ce qu’on voulait vraiment faire. On a découvert qu’au Canada, 1,1 million de tomates sont jetées chaque jour. Ça nous a choqués. On s’est dit : pourquoi ne pas créer un produit qui utilise ces surplus ? On adore recevoir, cuisiner, et on aime la salsa et les chips. C’est comme ça que Pretty Ugly est né.

 

S&S : Quels sont les défis auxquels vous faites face ?

 

Lysanne : Le plus gros défi, c’est de standardiser nos produits tout en travaillant avec des ingrédients frais et variables. Par exemple, la texture de nos salsas peut varier légèrement, mais on s’assure que le goût reste constant. Il y a aussi un travail d’éducation à faire pour montrer que les produits issus de l’économie circulaire sont de haute qualité. Ce ne sont pas des légumes pourris, mais des aliments parfaitement bons qui ne répondent pas aux standards esthétiques de l’industrie.

 

S&S : Pouvez-vous nous parler d’une réussite récente dont vous êtes fière ?

 

Lysanne : On vient d’atteindre plus de 1 000 points de vente, ce qui est une grande fierté. On a aussi lancé une nouvelle saveur de chips, «Cheddar et Jalapenos», disponible dans toutes les IGA. C’est un produit qu’on peut manger seul, sans accompagnement, et ça montre qu’on peut innover tout en restant fidèles à notre mission.

 

S&S : Quel impact avez-vous sur la communauté ?

 

Lysanne : L’an dernier, on a sauvé 300 000 livres de légumes. Notre objectif est de doubler, voire tripler ce chiffre dans les prochaines années. En plus de réduire le gaspillage, on réinjecte de l’argent dans l’économie en payant les producteurs pour leurs surplus. On veut que les réflexes changent : au lieu de jeter, les producteurs nous appellent en premier.

 

S&S : Quel conseil donneriez-vous aux citoyens pour réduire le gaspillage alimentaire ?

 

Lysanne : Il existe de plus en plus de produits issus de l’économie circulaire des salsas, des limonades, des craquelins, des confitures, et même des kimchis. L’idée, c’est d’en intégrer un produit issu de l’économie circulaire de temps en temps dans ses habitudes. Juste ce petit effort peut avoir un impact considérable et contribuer à changer les choses.

 

S&S : Comment imaginez-vous la lutte contre le gaspillage alimentaire dans 10 ans ?

 

Lysanne : J’espère que l’économie circulaire deviendra la norme, pas juste une tendance. On aimerait voir plus de collaboration entre les entreprises, les producteurs et les consommateurs. Si les épiceries créent des sections dédiées à l’économie circulaire, ce serait un grand pas en avant. Le but, c’est que ces produits deviennent accessibles à tous et qu’on continue à innover pour réduire le gaspillage.

 

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