Le gaspillage

alimentaire :

une lutte

planétaire

Depuis quelques années, force est de constater que le gaspillage alimentaire est à l’ordre du jour des chantiers environnementaux et sociaux dans tous les pays. Étant l’un des objectifs de développement durable (ODD 12.3) de l’Organisation mondiale des Nations Unies (ONU), cet enjeu est par ailleurs souvent abordé lors des sommets mondiaux sur le climat, de pair avec la sécurité alimentaire.

 

À la COP28 de décembre 2023, une feuille de route a d’ailleurs été présentée par la Food and Agriculture Organization (l’Organisation mondiale de l’agroalimentaire) pour adresser le problème de plein front. Le rapport estimait alors que 13 % de toutes les denrées produites dans le monde sont perdues.

 

💡 Les chiffres varient souvent d’une étude à l’autre. C’est normal, certaines statistiques incluent les denrées alimentaires non comestibles dans la quantité de résidus alimentaires gaspillés. Celles-ci représentent environ 50 % des denrées jetées.

 

Au Québec, on estime que ce sont 16% des aliments (comestibles) entrant dans le système bioalimentaire qui sont perdus ou gaspillés. Du côté de l’Union européenne, les pertes alimentaires représenteraient 59 millions de tonnes. Les États-Unis ne font pas meilleure figure avec 60 millions de tonnes gaspillées pour 25 % moins de population. Pour se donner une idée de grandeur, ces pertes correspondent au poids équivalent à de millions d’autobus de transport collectif.

 

Si l’ampleur du problème est considérable, l’opportunité de corriger le tir et de générer du changement l’est également. La lecture qui suit (environ 3 minutes) vous présente quelques grands chantiers qui se mettent en branle pour créer une nouvelle norme en matière de réemploi alimentaire aux quatre coins du monde 👇

Problématique du gaspillage : comprendre l’ampleur du défi

 

Pour attaquer le problème et atteindre les objectifs fixés par l’ONU, soit de réduire de gaspillage alimentaire de 50 % d’ici 2030, les pays du globe doivent être en mesure de bien comprendre les causes liées à la problématique.

 

Heureusement, de plus en plus d’études et de rapports offrent un état des lieux, nous permettant de mieux comprendre certaines tendances ou de déconstruire les stéréotypes. Parmi ceux-ci, le Rapport 2024 sur l’indice de gaspillage alimentaire du Programme des Nations Unies pour l’environnement nous apprend que :  

 

  • Le gaspillage alimentaire n’est pas seulement un problème de pays riches. Les niveaux de gaspillage alimentaire des ménages à revenu élevé, moyen supérieur et moyen inférieur diffèrent seulement de 7 kg par habitant.
  • Les zones rurales gaspillent moins de nourriture, puisque davantage de denrées sont redirigées vers les animaux domestiques ou d’élevage, ainsi que le compost agricole.

 

Plus près de chez nous, au Québec, un chantier du gaspillage alimentaire est aussi porté par le MAPAQ, le MELCC et RECYC-QUÉBEC, ce qui a mené à une étude sur le comportement des Québécois et Québécoises en matière de pertes alimentaires, un premier portrait du gaspillage alimentaire pour le Québec, ainsi qu’un portrait des initiatives en lutte au gaspillage alimentaire.

 

Ces rapports nous apprennent entre autres que : 

 

  • 47% des aliments comestibles en surplus, perdus ou gaspillés finissent enfouis
  • 45 % du gaspillage alimentaire concerne les fruits et légumes
  • L’utilisation d’un journal de bord pour documenter ses pertes alimentaires est une bonne façon de se conscientiser à l’ampleur du problème
  • En mars 2022, 99 initiatives favorisant la réduction des pertes alimentaires étaient actives au Québec, 35 provenant des gouvernements ou instances internationales

 

Réduction du gaspillage : structurer des solutions

 

La beauté des études et des rapports, c’est de les voir faire place à des recommandations et des solutions concrètes pour changer la donne. En effet, juste sous nos yeux en Montérégie, plus d’une vingtaine d’initiatives œuvrent au réemploi alimentaire et prouvent quotidiennement qu’il est possible de trouver des solutions. Celles-ci doivent s’opérer tant au niveau des gouvernements que des institutions, des entreprises et organismes, ainsi que la population générale.

 

Les gouvernements

 

L’Union européenne est l’un des paliers de gouvernement qui documente activement les solutions proposées grâce à une législation plus stricte. Les actions qui en découlent incluent :

 

  • Rendre l’étiquetage des dates de péremption plus clair et à mettre un terme à leur utilisation abusive
  • Adopter des politiques de dons pour faciliter la récupération et la redistribution de denrées alimentaires sûres et comestibles
  • Mesurer le gaspillage alimentaire à chaque étape de la chaîne d’approvisionnement alimentaire grâce à une méthodologie commune
  • Se doter de cibles de réduction du gaspillage alimentaire ambitieuse (20 % dans la chaîne de production et 40 % auprès des détaillants, restaurants, institutions et ménages)

 

L’ONU évoque quant à elle que des partenariats entre les gouvernements, les organisations et les entreprises – accompagnés d’un financement adéquat – ont permis de réduire plus d’un quart des déchets alimentaires des ménages entre 2007 et 2018 en Australie, en Indonésie, au Mexique, en Afrique du Sud et au Royaume-Uni.

 

💡 Ces initiatives ne sont pas anodines. Dans sa toute nouvelle étude sur l’indice de gaspillage alimentaire, l’ONU illustre que des pays comme le Japon et le Royaume-Uni ont pu réduire de 31 % et 18 % respectivement leur production de résidus alimentaires grâce à des politiques et partenariats.

 

Les entreprises

 

Selon une étude de Champions 12.3 (en anglais) pour chaque 1 $ investi dans la réduction du gaspillage et des pertes alimentaires, 7 $ sont économisés par les entreprises de restauration. L’organisation a par le fait même mesuré que les entreprises sont plus rapides à réduire leur gaspillage alimentaire que la population et les gouvernements (page 7 du rapport). Certaines entreprises internationales comme IKEA auraient ainsi déjà atteint la cible de réduction de 50 %.

 

Plusieurs guides ont d’ailleurs été publiés à l’intention des entreprises, dont celui de Concertation Montréal qui peut servir partout dans la province, et celui de la Commission de coopération environnementale sur les actions à prendre pour mesurer ses pertes alimentaires.

 

La population

 

Si les campagnes de sensibilisation sont nombreuses tant au Québec qu’au Canada grâce à RECYC-QUÉBEC et J’aime manger pas gaspiller Canada, les données probantes sur le changement de comportements occasionnées sont encore à prouver. 

 

Ailleurs dans le monde, l’initiative de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) la Zéro Gâchis Academy a permis d’accompagner des ménages afin de réduire le gaspillage alimentaire et de documenter les effets bénéfiques. Résultat ? Trois ans plus tard, ces derniers jettent en moyenne 59 % moins de nourriture aux vidanges.

 

Pour accélérer le changement, des chercheurs comme Wajdi Hellali de l’Université Laval se penchent l’acceptabilité sociale des produits alimentaires issus de l’économie circulaire, alors que des guides concrets anti-gaspillage ont été produits par des organismes comme le Jour de la Terre.

 

Chose certaine, les citoyens et citoyennes qui souhaitent se mobiliser pour réduire le gaspillage alimentaire des ménages ont accès à une foule de ressources!

 

En conclusion

 

Les connaissances en matière de gaspillage alimentaire continuent de se préciser au fil des années. En même temps, des solutions innovatrices émergent et permettent de croire en un monde où les denrées alimentaires seront pleinement valorisées, pour la santé de nos collectivités et celle de la planète. 

 

Permettant à la fois d’accroître la sécurité alimentaire et de réduire son empreinte écologique, le réemploi alimentaire au Québec et, évidemment, en Montérégie, est un domaine effervescent pour lequel il faut se mobiliser! En tant que membre du gouvernement, d’institutions publiques ou privées, ou à titre de partenaire ou bénévole, il est primordial de trouver le rôle que l’on souhaite jouer pour s’assurer que le plus d’aliments possible soient sains et saufs!

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